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Le génie burlesque du grand Jacques (Tati)


#lachronique de monsieur toutmoncinema revient sur le génie burlesque du grand Jacques Tati ...



Parce que nous avons tous quelque chose en nous de Monsieur Hulot ... partons sur les traces du génie burlesque du grand Jacques (Tati) avec au passage, quelques détours du côté de ses dignes héritiers.



Les vacances de Monsieur Hulot (1953) - Sur le quai de gare des vacances


Avec seulement 6 films au compteur - mais quels films - Jacques Tatischeff dit Tati s'est fait une place à part entière dans l'histoire du cinéma et le cœur du public.

Une renommée mondiale même pour un univers poétique et burlesque du quotidien dans la droite lignée de ses aînés tant appréciés, Charlie Chaplin ou Buster Keaton.

Pourtant, rien ne l'y prédestinait (ou presque). Élève médiocre il débute comme apprenti dans l'entreprise familiale d'encadrement, avant de se servir de ses talents de grand sportif pour rejoindre la famille du music-hall avec ses "Impressions sportives", numéro dans lequel où il mimait un boxeur, un jockey, un gardien de but mais aussi … un tennisman !

Notre clown acrobatique décrochera alors dans les années 30 quelques rôles au cinéma.

Mais ce n'est qu'après-guerre que tout va véritablement commencer autour de l’histoire d'un facteur, personnage principal d'un court-métrage d'abord "L'école des facteurs", avant de devenir Francois, l'inoubliable facteur à vélo de "Jour de Fête" sorti en 1946.

Et d'ores et déjà ce qui fera la marque de fabrique du cinéma de Tati : l'importance du son, parfois étrange, décalé, particulièrement soigné, mais toujours au service du rythme du gag.


Jour de Fête (1949) - Jacques Tati


Avec le temps, le premier film de Jacques Tati - "Jour de fête" - est devenu le classique français du burlesque à la Chaplin, ou à la Keaton ... mais avec le son en plus, si on peut le dire ainsi ! Car au pays de Molière et des mots d'esprit, un comique de situation où les dialogues se font rares, voire inexistants, le pari n'était pas gagné d'avance, loin de là même !




Bienvenue chez les ch'tis (2008)

Dany Boon - Dany Boon, Kad Merad


Et pourtant, un facteur à vélo, qui plus est carillonneur à ses heures perdues ... ça ne vous évoque rien ? Un ch'ti peu bien-sûr !

Car oui, près de 60 ans après, notre facteur François a cédé la selle de son vélo au Ch'ti facteur Antoine incarné par un certain Dany Boon.

Heureux hasard (conscient ou inconscient), toujours est-il que ce facteur qui vous souhaite la "Bienvenue chez les ch'tis" trône fièrement sur la deuxième marche du podium des plus gros succès du cinéma français de tous les temps.

Mais chez les Ch'tis, la tournée à vélo prend forcément une autre tournure que chez Tati !



Les Vacances de Monsieur Hulot (1953) - Jacques Tati


Après le succès du facteur François va naître, dans l'imaginaire de Tati, un personnage insolite et désormais culte, incontournable du cinéma français et même mondial ...

On le reconnait immédiatement à sa démarche caractéristique, ainsi qu'à son éternel, ses pantalons un peu justes en longueur, sa pipe, son parapluie et son chapeau ...

Vous l’aurez sûrement reconnu. Il s’agit de Monsieur Hulot qui fait ses premiers pas dans Les Vacances ... de Monsieur Hulot, justement !

Des vacances au thème musical lancinant, signé Alain Romans et au cours desquelles tout le génie burlesque du grand Jacques trouve sa pleine expression : du quai de gare à la partie de tennis - des promenades en voiture aux joies du bateau - ou encore tous ces moments de vie à l'hôtel ... on suit avec délectation ce personnage naïf et maladroit, qui aime prendre le temps de poser son regard tendre et décalé sur le monde qui l'entoure.

Un personnage qui a pris son envol le temps d'un été à l'Hôtel de la plage de la station balnéaire de Saint-Marc-sur-Mer pour devenir le fil conducteur, le témoin privilégié des films suivants de Tati et surtout … un incontournable du cinéma.



Mon Oncle (1958) - La villa Arpel


Cinq ans plus tard, avec "Mon Oncle", sonne l'heure pour Jacques Tati de la consécration internationale : Prix spécial du Jury au festival de Cannes, Oscar du meilleur film étranger ...

"Mon Oncle" c'est (une fois encore) une petite mélodie entêtante, mais surtout une vision de la modernité tout à la fois fascinante, déroutante, dérangeante même (à l'image de la fameuse villa Arpel) - contrebalancée par la figure rassurante, attachante de l'oncle droit sorti d'un autre temps, celui d'avant qu'on aime tant ... notre bien nommé Monsieur Hulot.

Ici, tout est dans la perfection de l'utilisation du son au service de l'image, de l'imaginaire ... d'un burlesque poétique, justement hors du temps, de ce temps de la modernité !

Les années ont beau être passées par là, la magie opère toujours et encore ... "Mon Oncle" est de ces films que l'on peut revoir régulièrement avec toujours cette même fraîcheur, cette même candeur et cette même fascination.




Monty Python sacré Graal (1975) - Les Français


Terry Jones et Terry Gilliams, membres imminents du collectif humoristique « Monty Python », aiment à citer "Mon Oncle" et Jacques Tati comme source d'inspiration incontournable de leur humour so british (et so percutant) dont ils nous ont régalé dans les années 70 – ce qui ne les a pourtant pas empêchés de se moquer de nous Français, quand ça les arrangeait ...




Playtime (1967) - Le carrousel des voitures


Porté le raz-de-marée de "Mon Oncle", Jacques Tati récidive avec le film "Playtime". Un titre à prendre au pied de la lettre, comme une invitation à jouer avec son temps, son époque, celle de la modernité et de ses excès. Sous l'œil et l'oreille amusés d'un Monsieur Hulot comme toujours hors du temps, de son temps.

Seulement, Tati a sans doute rêvé trop grand pour ce film ... Reconstitution d'une ville moderne entière (la bien nommée « Tativille ») mobilisant une centaine d'ouvriers en bâtiment qui utilisèrent 1 200 m2 de vitres, 3 500 m2 de revêtements plastiques, 3 000 m3 de bois et 45 000 m3 de béton - le tout sur plus de trois ans de tournage avec un budget de production multiplié par sept, entraînant pour Tati l'hypothèque de ses biens personnels ...

Son grand projet de film "Playtime" sentait le souffre avant même sa sortie, qui fut un échec commercial.

Et pourtant, ce même "Playtime" est aujourd'hui considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre, voire même le plus grand film de l'histoire du cinéma à en croire un certain ... David Lynch.


(ambiance sonore playtime / les appartements vitrines : https://youtu.be/xI2Mhlw1W1w)



The Party (1969)

Blake Edwards - Peter sellers


Bien secoué par l’échec commercial de « Playtime », c’est grâce à la télévision de l'époque que notre grand Jacques pourra mener à bien ces deux ultimes petites perles d'humour à la Tati : "Trafic" puis "Parade".

Ce grand monsieur du cinéma nous a quittés un 4 novembre 1982, sans qu'on ne puisse jamais savoir quel regard il aurait porté sur nos chères années 80.

Depuis, bien au-delà de l'affection particulière que lui porte le public de génération en génération, des David Lynch, Dany Boon, Monty Python ou encore Peter Sellers ont su régulièrement nous rappeler tout son talent et toute son influence sur le cinéma mondial.

Un Peter Sellers qui d'ailleurs a toujours reconnu lui devoir beaucoup dans son approche de l'effet comique, et ce n'est justement pas l'irrésistible scène du birdie num num dans "The Party" qui nous dira le contraire. Un pur régal à la Tati.




Et parce qu'on peut avoir envie d'aller aller plus loin :

Hommage à Jacques Tati : https://youtu.be/Ugeu2nq7uGg

Radioscopie Jacques Tati : https://youtu.be/tQncT-ENySM

Terry Jones nous parle de Jacques Tati : https://youtu.be/PWzEv7Xg-ho

David Lynch nous parle de Jacques Tati : https://youtu.be/bW0bZBXJFZU


Pour (re)découvrir toute la richesse du cinéma de Tati, on ne saurait que trop conseiller l'indispensable coffret de l'intégrale de son oeuvre cinématographique édité par Carlotta Films.





Pour la séance (d'écoute) de rattrapage du podcast de "monsieur toutmoncinema", c'est ici que ça se passe :

Où (re)voir vos inoubliables du cinéma :
un service proposé par le CNC

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