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Chronique de la bêtise ordinaire ... Dupont Lajoie


#laminute de monsieur toutmoncinéma revient sur une des plus marquantes chroniques de la bêtise ordinaire, le Dupont Lajoie de Yves Boisset ...




"Dupont Lajoie" c'est la chronique ordinaire d'une certaine France ... celle des années 70, celle de l'après De Gaulle et de ces étés où les moments d'égarement sont bien là ... mais cachés, inavoués - bien réels, parfois même cruels ... et voire même racistes !


De ces étés où la fraîcheur, l'innocence de la jeunesse ne peuvent que titiller des hommes dans la force de l'âge, comme dans "Un moment d'égarement" de Claude Berri - mais aussi leur femme, comme dans "Préparez vos mouchoirs" de Bertrand Blier.

Mais le plus troublant, le plus dérangeant, le plus questionnant de ces moments d'égarement reste sans l'ombre d'un doute l'inoubliable "Dupont Lajoie" de Yves Boisset.


"Dupont Lajoie" c'est, le temps d'un été au « Camping Caravaning Beau-soleil », le face à face Jean Carmet / Isabelle Huppert ... Celui de Georges Lajoie, bon père de famille, honnête cafetier l'année et et de Brigitte, une jeune fille ô combien désirable ... Celui d'une bêtise crasse, ô combien ordinaire pour l'époque (et sans doute encore aujourd'hui) ... Celui d'un geste inexcusable et de ses conséquences exécrables ...



Dupont Lajoie (1974) - Bande-annonce d'époque

Yves Boisset - Jean Carmet, Isabelle Huppert ...


Georges Lajoie (Jean Carmet) est cafetier à Paris (place d'Aligre). Les Lajoie, avec leur fils Léon (Jacques Chailleux), bachelier, partent avec leur nouvelle caravane passer leurs vacances, comme chaque été, sur la côte provençale, au « Camping Caravaning Beau-soleil », tenu par Loulou (Robert Castel), un Pied-Noir. Les Lajoie y retrouvent les Schumacher (Michel Peyrelon et Odile Poisson), huissier de justice à Strasbourg, et les Colin (Pierre Tornade et Pascale Roberts), vendeurs de sous-vêtements sur les marchés. Ces bons Français du Nord se répandent en lieux communs, notamment sur la paresse supposée des « gens du Sud », mais veulent néanmoins sympathiser avec les Vigorelli (Pino Caruso), des Italiens nouveaux venus au camping. Vigorelli est chef de chantier et apprécie comme « de la merde » les nouveaux immeubles construits par Loulou pour les vacanciers, grâce au travail à bas salaires d'ouvriers Algériens, logés dans un baraquement. Mais Vigorelli et Loulou parlent arabe et respectent les ouvriers immigrés pour leur ardeur au travail …

Jusqu’au jour où … l’impensable survient !



Pour aller plus loin :


La censure veut interdire le film aux moins de dix-huit ans, sauf si Yves Boisset accepte trois coupes : une scène de dialogue, et deux plans (les images où l'on voit le sexe d'Isabelle Huppert, et celui où la tête de la victime de la ratonnade heurte le pavé). Il accepte sans sourciller : les plans n'existent pas dans le film, les scènes n'étant que suggérées par la mise en scène.


Le film sort dans les salles en février 1975. Mal accueilli par ceux qui ne voulaient voir que l’aspect polémique du sujet, il est parfois soumis au refus des exploitants de salle de le diffuser, comme le patron du cinéma Pathé de la place Clichy, qui craint que le public arabe attiré par le film ne fasse fuir ses "habitués". Les salles connaissent également des échauffourées à la sortie des séances.

Si le film suscite de vives réactions dans les milieux extrémistes, il n'est pas sans provoquer une aversion inverse pour le personnage de Georges Lajoie, au point d'en attirer quelques déboires à son interprète : dans son roman autobiographique Belle-fille (Nil, 2019), Tatiana Vialle évoque les nombreuses incivilités dont son beau-père Jean Carmet a été victime les années qui ont suivi le tournage, celui-ci en arrivant même à lui faire défense de se tourner vers le métier de comédienne.


Ce film fut aussi un grand succès public, et l'œuvre la plus importante d'Yves Boisset. Il proposait une peinture simpliste mais sans complaisance de gens ordinaires, qui collectivement se laissent gagner par la haine raciste. Caricature et réalisme s'y confondent. La qualité de la distribution assura le succès du film : Carmet en meurtrier lâche et raciste, Lanoux en fier à bras, beauf et ancien d'Algérie, des acteurs généralement sympathiques, Jean-Pierre Marielle et Michel Peyrelon, interprétant avec justesse des personnages aussi odieux qu'ordinaires, archétypes du fameux "Français moyen".





Pour la séance (d'écoute) de rattrapage du podcast de "monsieur toutmoncinéma", c'est ici que ça se passe :


Où (re)voir vos inoubliables du cinéma :
un service proposé par le CNC

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